jeudi 14 mai 2020

Pensées

Elle conduisait. Bien concentrée, vitesse mesurée, dans le respect des distances de sécurité.
Soudain, impromptue, l’arrivée d’un écureuil épicurien, alerte, frivole et imprévoyant. 
Méfiance rompue, sautillements allègres, acrobaties saugrenues.
Un Joli petit rongeur roux, queue en panache, gaillard et éveillé.
Sémillant et décontracté. Mais voilà, il voulut regagner le champ de l’autre côté...Et pour se faire, la nationale à traverser...
Stop ! Freiner ! Attention ! Danger ! La frétillante petite bestiole  terrorisée ne savait plus dans quel sens naviguer. 
Des automobilistes altruistes et concernés, stoppaient, freinaient, zigzaguaient, klaxonnaient.
Sauver l’animal de la furie des carcasses d’acier. Feux de détresse allumés, clignotants illuminés, plaquettes de freins au cran d’arrêt. 
Les bipèdes redevenaient propriétaires de la terre, des herbes, des fleurs, des arbres, de la faune et de l’éternité.

Les animaux désorientés ne pouvaient plus danser, gambiller, cheminer sur les sentiers, les chemins, les routes et les allées. 
D’arbres en arbres, d’autostrades en traversées, de chemins en drailles, de raidillons en désescalades, une clameur bruissait. 
Dans les contrées, les bourgs, les étangs, les montagnes, par delà les mers et les  lacs argentés, loin dans l’écho du ciel, du tréfonds de la savane, des entrailles de la forêt, un bruit sourd grondait, tonnait, jaillissait.
La déchirante complainte de la gent animale vibrait, dans un Fado désenchanté.



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