mercredi 21 décembre 2016

Provence



Silence ouaté. Nuit qui s’engourdit. La cacique bergerette file la laine, ravive de sa timide présence la bastide assoupie. L’agnelage, soupir brisé, est enseveli dans la moiteur des bêlements courbatus.
Elle tisonne le feu dans l'âtre, s'empare de l'instant floconneux, écharpes entremêlées.
Elle file, rouet des temps anciens.
Elle songe, petite mère, à ce repos ténu, réconfortée enfin par le chaudron qui rougit dans la pénombre du petit cabanon, humble oustaou embaumé du thym touffes rabougries de cette terre rouge myriades de cailloux.
Elle songe à l’étendue de sa crau aux olives au fenouil à la roquette aux poireaux sauvages à la menthe étoilée au romarin dans le panier. Elle songe, petite mère au teint tanné, mains rugueuses au labeur journalier.
Elle songe aux agneaux qui dodelinent dans la bergerie.  
Laineuse est sa soirée.
Demain elle s’en ira de nouveau sur les sentiers de sa Provence. 
Demain elle sera là, et de son œil bienveillant, présence familière, elle glissera dans la gibecière de son berger,
l’olive et le thym frais.


mardi 20 décembre 2016

Alors quoi ?

Alors quoi ?

On te demande d’obéir, et toi, tu veux pas. Pas envie. Non ? Décidément, t’en n’éprouves pas le besoin. On te demande d’acquiescer, et toi, tu veux pas. Pas envie. Non.
On te demande d’obéir à l’ordre établi, tu résistes et ça, c’est pas fastoche. Crois-moi.
Tu piques des colères monstrueuses, tu t’ébroues, tu sors tes griffes, tu feules, tu râles, tu mugis et ça se passe à l’intérieur, le bouillonnement impétueux du torrent qui dévale sans vouloir jacasser.
Faire semblant, comme si de rien n’était.
Les yeux sont présents, attentifs, mais les oreilles n’entendent que babils et tambourins, une suite en ré mineur, musique neurasthénique. Litanie ancestrale.
Borborygme, danse Candomblé. Pachamama, sacrifiée sur l’Autel sacrificiel du Nouveau Dieu Impérialiste.
Ça fait pas écho ces bourdonnements discordants, une guitare mal accordée, un La qui n’est plus au diapason.
Un Monde qui s’éteint et t’y peux rien.
On te demande d’obéir et toi, tu veux pas. Et crois-moi. C’est pas fastoche.

dimanche 18 décembre 2016

Enfance



Panteler, la rage au fond du cœur, ne pas arriver à déchirer le soleil de la vie. La vivante et lumineuse chaleur de l’Astre qui cligne.
Le cœur en déroute, le sens en pointillés.
Où se trouve la sortie de l'hôpital désarticulé ?
Fragments d'une vie hachée, du coeur qui ne s'accroche plus
Nulle part.
Partis les parents
Parti l'Amour debout
Partie l'enfance qui ne pouvait plus

Respirer.


samedi 17 décembre 2016

Les hauts ( dédié à Anne Desocrerie)

Qu’avons- donc nous lu ? Dites-moi ? En ce qui me concerne, Beckett. Beaucoup. Les fameux clochards célestes qui ressemblaient tant à mon père, Vladimir et Estragon, qui attendaient Godot. Jamais venu, tu parles d’une histoire, on ne sait même pas s’il existe !
Les sœurs Brontë, recluses dans la lande... Elles rêvaient d’un amour fou. Il ne s’est jamais pointé. Si, dans leur imagination. Oh ! Elles en ont rêvé Charlotte et Emily... Elles ont écrit des poèmes, des histoires d’amour venteux pareilles au climat abrupt de leur implacable solitude.
La lande.
Seules. Un frère alcoolique, le rêve pour compagnon.
Le rêve.
Mais parlons-en, du rêve ! N’est-il pas là pour panser nos blessures les plus folles ? Il est là, tapi dans chaque recoin de notre tête... A tous.
Qui n’a jamais été prisonnier du rêve ?

Qu’on me le dise,véritablement. Nous sommes tous d’infatigables espions de la nuit. Qu’on le veuille ou non.
Pour certains, cela semblera vide de sens... Mais interrogeons-nous.
Regardons-nous, en face. Non. Pas dans un miroir. Cela semblerait trop facile. Regardons-nous à l’intérieur. Qu’y voyons-nous ?
Vraiment ?
Sondons-nous... Certains s’y sont collés, avec la joie dans les pupilles, les autres, le désespoir dans l’âme.
Ah ! Nous ne sommes pas qui nous paraissons être dans ce monde de l’image... Trompeuse.

Les nodulés du Cantaloup

Mais qui sont ceux, les donneurs de leçons, les colleurs d'étiquettes qui te disent ce que tu dois faire, comment tu dois penser, vivre, te comporter ?
La Morale à deux balles ?
Non. Merci.
Non. Merci.
Mais que tous ces bien-pensants ou bien penseurs se regardent d’abord le nombril et surtout leur reflet dans le miroir.
Et je ne prétends pas déroger à la règle de la néophobie, bien au contraire.
Mais la morale même à dix balles, j’en veux pas.
Ah ! On parle sans vergogne, à tort et à travers de ce que l’on croit savoir alors qu’il serait temps d’admettre avec modestie qu’on ne sait pas tout et que l’opinion et la connaissance de l'autre nous apportent.
Mais la Morale des Mystificateurs ?

Les crachats des Affabulateurs ?
Non. Merci.
Non. Merci.

mercredi 14 décembre 2016

Ebauche du début



Des fleurs de Bach, une chatte psychotique à moitié aveugle, un amour fou, un refuge, le goût perlé de l'Enfance.
Arcachon.
Le gardien de paille, tous les matins, se gausse de mon réveil nébuleux et joue avec ma chevelure éparse. Facétieux, il trône vainqueur sur le balconnet de ma névrose.
Arrête de prendre le Monde trop au sérieux me souffle mon bonhomme, épouvantail rugueux digne d’un personnage du Magicien d’Oz.
Quelles drôles de rencontres dans cette maisonnette baignée de bigarrures et de lumière. Rosée matinale, modeste crachin revigorant.
Les personnages de mes rêves enfantins prennent vie dans ce décor hors du Monde où l’on se joue des angoisses de l' aube… Café, petits pains. Je prends l’ordinateur, beurre ma tartine et confiture. Apreté, suavité âcre, citronnée, pépins de raisin. Et croque, petit cachou !
Je sirote un café bien noir et magiquement des lettres, puis des mots, puis des phrases se dessinent sur le clavier, plume du Nouveau-Monde dont je m’amuse à mon tour.
Tiens ? Me voilà à valser les mots, bredouiller des haillons d'existence.
Lili dopée à la Passiflore vient se bouletonner contre moi.

Frotti frotta c’est moi le chat !
Gratouille gratouille pas,
C’est moi le personnage principal de ton histoire.

Ce n’est pas le vieux jardinier qui fait le beau sur le balcon de bois vêtu, ni Lulu la Farouche qui se rit de tes yeux gonflés par le sommeil. C’est moi qui tiens le rôle principal parce que j’ai le pouvoir de guetter d’un œil tout ce que tu ignores.
Coup de lorgnette dans le jardin, café à la main, cigarette au bout du bec...
Me voilà flanquée d'un chat Cyclopéen sur les talons.

Je contemple les fleurs étincelantes de la jardinière. Là encore, éblouissement. Voilà le rouge vif de la pomme de Blanche-neige, le carmin gouttes de sang du fuseau de la belle au Bois Dormant, le turquoise éclatant du cruel Barbe-bleue, le Jaune or d'une enfant, chevelure emboucletée.

J’aperçois même de loin en loin la gracile Fée Clochette qui me fait un clin d’aile.
L’œil, c’est Lili qui le détient.
Lili qui me contemple.

Frotti frotta c’est moi le chat.
Gratouille, gratouille pas.
Tu ne m’auras pas.
Comptine à pas contés.

Ebouriffée, tourneboulage droit sur le clavier. Doigts qui tapotent des idées farfelues, des souffrances et des joies contenues. Encaféinée, rebrousse chemin vers la cafetière. J’appuie sur le bouton et le breuvage noir qui coule me réchauffe. Café, gosier emmitouflé. J’hésite. 

Lili m’a donné une piste, c’est l’héroïne de mon histoire…Oui… Mais quelle histoire ?
Les Mères chat… Les félines… Emplies d’une grâce mutine. Elles se meuvent furtives, le pas élégant, le port altier parfois méprisant, la nonchalance au bout des griffes. Minuscules coussinets rose pâle, pattes velours toujours en émoi.
La gent féline m’accompagne sur la route chaotique de mon chemin Pot de Terre.
Museau frais délicatesse poudrée sur le bout du pif.
Mes pensées caféines se remettent à divaguer et je songe, assise devant la plume électronique.
Je ne sais quel mystère m’a emmenée dans le chalet des fées… Pour y apercevoir un bout de lune dissimulé ? Un rayon de soleil caché derrière la toile cristalline de mes yeux ?

mercredi 7 décembre 2016

En avance sur le Solstice d'hiver




Elle te vient de ta grand-mère, la Crèche.
T’as déménagé et sur le carton, fragile. Toi. Athée ou Agnostique ou un Truc du genre. Le Bon Dieu ? Non. C’est pas ton fourbi et pourtant tu te souviens des « je vous salue »  que tu faisais tous les soirs avant de te coucher... Un pacte avec Marie. Que le malheur vous laisse peinard dans la maison ! Juste une fois au moins. Rien qu’une.
Pas moyen, dis donc !
Gonflée la Marie !
Et pourtant, en héritage, tu as jalousement gardé la crèche de Grand-Maman dans un minuscule carton, emballée avec amour. Ne pas toucher sous peine de se voir débaptisé ! Je me dis que ça peut faire peur à un malotru.
Jusque là, tout baigne. Et puis, la crèche, au fil des ans, des voyages et des deuils, elle reste dans ce fichu carton. Fragile. On n’oublie pas la préciosité de l’objet surtout. L’Ane gris, le Bœuf, le Mendiant, les Rois, le Fada et le Petit Jésus qu’on ne met sur sa couche que le vingt-quatre décembre à minuit. Bon. On l'installe la veille ou  quelques jours plus tôt, ce sera fait. De toutes façons, des siècles qu’on en parle. A quelques heures près, personne n’y verra rien à redire.
Mais la Crèche ! Le Trésor familial, la Relique ! Que personne n’y touche ou c’est certain, je frise la démence.
En plâtre, les bestiaux.
 L’âne a même l’oreille cassée. Un déménageur peu scrupuleux l’a encastré contre le frigidaire. Je lui en toucherai deux mots, à Marie, de l’oreille de l’âne, moi !
Tout ceci pour dire que ma Crèche, et bien elle s’est retrouvée un beau jour dans le recoin d’une auguste maison provençale. Planquée dans la niche d’un mur. Discrète. Sauf pour moi, évidemment ! Et  j’ai veillé dur sur l’âne et son oreille en sang de bon sang de bonsoir le déménageur va s’en prendre une ! Et sur le Boeuf, le Berger et son chien et les moutons !
 Jésus ? Il a fait ce qu’il a voulu.

dimanche 4 décembre 2016

Arles





Goémon brumeux des Saintes
Souffle dans les cheveux
Le Mistral Arlésien fait décoller
Sitôt dit, sitôt fait
Je cramponne
Je championne aux coins des rues sinueuses
Et pleines de charme


D'Arles
La Cité Romaine romani romanichelle gitane
Les bords du Rhône
La Roquette
Là où Pêcheurs et Gitans
Sont les gardiens...
Arles...
Mistral que l'on apprend à aimer
Cheveux éparpillés...

Arles
Sara la Noire pas bien loin
Patronne du peuple nomade
Que l'on a voulu sédentariser


Arles
Ville Maternelle
La Crau au bout du chemin

Le thym de l'Enfance recroquevillé
Dans les cailloux
les troupeaux de moutons
Le border collie
Le beauceron abrupte
qui rudoie les troupeaux
Le Floca
Les chèvres du Rove
Le Midi de la France
Le Redon
Les ciseaux de la tonte
La marque du Grand-père

Les Alpilles
Arles
Ville Maternelle

Maman sur les sentiers. 

jeudi 1 décembre 2016

Ben citron pressé




41 balais, ça peut faire marrer
41 bougies pour moi citron pressé
41 leçons de vie là ça fait du bruit.
41 ans la maturité ?
Toujours pas trouvée  
La vie en monochrome ou en couleurs
ça dépend de l'humeur
Numérique
Arrêt sur image
41 ans
J'prends un citron et je mords dedans…