mercredi 7 décembre 2016

En avance sur le Solstice d'hiver




Elle te vient de ta grand-mère, la Crèche.
T’as déménagé et sur le carton, fragile. Toi. Athée ou Agnostique ou un Truc du genre. Le Bon Dieu ? Non. C’est pas ton fourbi et pourtant tu te souviens des « je vous salue »  que tu faisais tous les soirs avant de te coucher... Un pacte avec Marie. Que le malheur vous laisse peinard dans la maison ! Juste une fois au moins. Rien qu’une.
Pas moyen, dis donc !
Gonflée la Marie !
Et pourtant, en héritage, tu as jalousement gardé la crèche de Grand-Maman dans un minuscule carton, emballée avec amour. Ne pas toucher sous peine de se voir débaptisé ! Je me dis que ça peut faire peur à un malotru.
Jusque là, tout baigne. Et puis, la crèche, au fil des ans, des voyages et des deuils, elle reste dans ce fichu carton. Fragile. On n’oublie pas la préciosité de l’objet surtout. L’Ane gris, le Bœuf, le Mendiant, les Rois, le Fada et le Petit Jésus qu’on ne met sur sa couche que le vingt-quatre décembre à minuit. Bon. On l'installe la veille ou  quelques jours plus tôt, ce sera fait. De toutes façons, des siècles qu’on en parle. A quelques heures près, personne n’y verra rien à redire.
Mais la Crèche ! Le Trésor familial, la Relique ! Que personne n’y touche ou c’est certain, je frise la démence.
En plâtre, les bestiaux.
 L’âne a même l’oreille cassée. Un déménageur peu scrupuleux l’a encastré contre le frigidaire. Je lui en toucherai deux mots, à Marie, de l’oreille de l’âne, moi !
Tout ceci pour dire que ma Crèche, et bien elle s’est retrouvée un beau jour dans le recoin d’une auguste maison provençale. Planquée dans la niche d’un mur. Discrète. Sauf pour moi, évidemment ! Et  j’ai veillé dur sur l’âne et son oreille en sang de bon sang de bonsoir le déménageur va s’en prendre une ! Et sur le Boeuf, le Berger et son chien et les moutons !
 Jésus ? Il a fait ce qu’il a voulu.

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