Elle te vient de ta grand-mère, la Crèche.
T’as déménagé et sur le carton, fragile. Toi. Athée ou
Agnostique ou un Truc du genre. Le Bon Dieu ? Non. C’est pas ton fourbi et pourtant tu te
souviens des « je vous salue » que tu faisais tous les soirs
avant de te coucher... Un pacte avec Marie. Que le malheur vous laisse peinard
dans la maison ! Juste une fois au moins. Rien qu’une.
Pas moyen, dis donc !
Gonflée la Marie !
Et pourtant, en héritage, tu as jalousement gardé la crèche
de Grand-Maman dans un minuscule carton, emballée avec amour. Ne pas toucher
sous peine de se voir débaptisé ! Je me dis que ça peut faire peur à un
malotru.
Jusque là, tout baigne. Et puis, la crèche, au fil des ans,
des voyages et des deuils, elle reste
dans ce fichu carton. Fragile. On n’oublie pas la préciosité de l’objet
surtout. L’Ane gris, le Bœuf, le Mendiant, les Rois, le Fada et le Petit Jésus
qu’on ne met sur sa couche que le vingt-quatre décembre à minuit. Bon. On l'installe la veille ou quelques jours plus
tôt, ce sera fait. De toutes façons, des siècles qu’on en parle. A quelques heures
près, personne n’y verra rien à redire.
Mais la Crèche ! Le Trésor familial, la Relique !
Que personne n’y touche ou c’est certain, je frise la démence.
En plâtre, les bestiaux.
L’âne a même
l’oreille cassée. Un déménageur peu scrupuleux l’a encastré contre le
frigidaire. Je lui en toucherai deux mots, à Marie, de l’oreille de l’âne, moi !
Tout ceci pour dire que ma Crèche, et bien elle s’est
retrouvée un beau jour dans le recoin d’une auguste maison provençale. Planquée dans la niche d’un mur. Discrète. Sauf pour moi, évidemment ! Et j’ai veillé dur sur l’âne et son oreille en
sang de bon sang de bonsoir le déménageur va s’en prendre une ! Et sur le Boeuf, le Berger et son chien et les moutons !
Jésus ? Il a fait ce qu’il a voulu.
Jésus ? Il a fait ce qu’il a voulu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire