mercredi 14 décembre 2016

Ebauche du début



Des fleurs de Bach, une chatte psychotique à moitié aveugle, un amour fou, un refuge, le goût perlé de l'Enfance.
Arcachon.
Le gardien de paille, tous les matins, se gausse de mon réveil nébuleux et joue avec ma chevelure éparse. Facétieux, il trône vainqueur sur le balconnet de ma névrose.
Arrête de prendre le Monde trop au sérieux me souffle mon bonhomme, épouvantail rugueux digne d’un personnage du Magicien d’Oz.
Quelles drôles de rencontres dans cette maisonnette baignée de bigarrures et de lumière. Rosée matinale, modeste crachin revigorant.
Les personnages de mes rêves enfantins prennent vie dans ce décor hors du Monde où l’on se joue des angoisses de l' aube… Café, petits pains. Je prends l’ordinateur, beurre ma tartine et confiture. Apreté, suavité âcre, citronnée, pépins de raisin. Et croque, petit cachou !
Je sirote un café bien noir et magiquement des lettres, puis des mots, puis des phrases se dessinent sur le clavier, plume du Nouveau-Monde dont je m’amuse à mon tour.
Tiens ? Me voilà à valser les mots, bredouiller des haillons d'existence.
Lili dopée à la Passiflore vient se bouletonner contre moi.

Frotti frotta c’est moi le chat !
Gratouille gratouille pas,
C’est moi le personnage principal de ton histoire.

Ce n’est pas le vieux jardinier qui fait le beau sur le balcon de bois vêtu, ni Lulu la Farouche qui se rit de tes yeux gonflés par le sommeil. C’est moi qui tiens le rôle principal parce que j’ai le pouvoir de guetter d’un œil tout ce que tu ignores.
Coup de lorgnette dans le jardin, café à la main, cigarette au bout du bec...
Me voilà flanquée d'un chat Cyclopéen sur les talons.

Je contemple les fleurs étincelantes de la jardinière. Là encore, éblouissement. Voilà le rouge vif de la pomme de Blanche-neige, le carmin gouttes de sang du fuseau de la belle au Bois Dormant, le turquoise éclatant du cruel Barbe-bleue, le Jaune or d'une enfant, chevelure emboucletée.

J’aperçois même de loin en loin la gracile Fée Clochette qui me fait un clin d’aile.
L’œil, c’est Lili qui le détient.
Lili qui me contemple.

Frotti frotta c’est moi le chat.
Gratouille, gratouille pas.
Tu ne m’auras pas.
Comptine à pas contés.

Ebouriffée, tourneboulage droit sur le clavier. Doigts qui tapotent des idées farfelues, des souffrances et des joies contenues. Encaféinée, rebrousse chemin vers la cafetière. J’appuie sur le bouton et le breuvage noir qui coule me réchauffe. Café, gosier emmitouflé. J’hésite. 

Lili m’a donné une piste, c’est l’héroïne de mon histoire…Oui… Mais quelle histoire ?
Les Mères chat… Les félines… Emplies d’une grâce mutine. Elles se meuvent furtives, le pas élégant, le port altier parfois méprisant, la nonchalance au bout des griffes. Minuscules coussinets rose pâle, pattes velours toujours en émoi.
La gent féline m’accompagne sur la route chaotique de mon chemin Pot de Terre.
Museau frais délicatesse poudrée sur le bout du pif.
Mes pensées caféines se remettent à divaguer et je songe, assise devant la plume électronique.
Je ne sais quel mystère m’a emmenée dans le chalet des fées… Pour y apercevoir un bout de lune dissimulé ? Un rayon de soleil caché derrière la toile cristalline de mes yeux ?

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