samedi 28 janvier 2017

L'Homme Carton



Un matin comme un autre
L'homme en carton dort en bas. 
Un mistral des entrailles 
le carton ne bouge pas. 
Il a froid ? 
Chais pas. 
Plus la force de penser.  
Un matin comme un autre 
Le carton ne bronche pas.
Il a peur ?
Mais chais pas. 
Un matin comme un autre 
Le Mistral souffle en bas.

dimanche 22 janvier 2017

Racines




Il porte en lui bergerie agneaux béret chevronné
Senteurs de sa terre ocre laine
Dans la lueur d'un oeil gris vert
L'ivresse du troupeau

Sauvages les effluves du romarin
La senteur du bruit du thym 

Son ennui se nourrit du couvercle des saisons.
Le spleen est sa maison
Volutes enfumées
Seul le Micocoulier veille 
désormais

Il porte en lui effilés les cailloux de sa Crau
Respire en secret le souffle des brebis
Au mas de Cante Perdrix l'Amandier refleurit

Dans les manades où broute le charbon
Il porte en lui floucat crèche et santons
L' oeil vert de gris
Pétrifié dans le fauteuil
Vissé son béret noir de jais
Mon Grand-père en attendant
Fumait.







samedi 21 janvier 2017

Armure crantée

 Un peu brisée, un peu lassée, j'ai percuté un bouclier.
Z'allez pas l'croire, j'l'ai adopté.
Coque de ma Nef,
J'peux naviguer.

Comme l'Océan m'entend bramer
J'ai façonné acier trempé, mon cran d'arrêt
Armure gantée.
Z'allez pas l'croire, des ricochets.

Quand les miroirs givrent mes sens et mes silences
Pour l'heure brisés et abusés, je m'suis munie d'un bouclier.
Z' allez pas l'croire, j'l'ai affuté
Coque de ma Nef, armure gantée
Ou cran d'arrêt.

J'suis abritée du verre pilé
Des sentiers louches et nécrosés.

Et depuis lors, je vise campée.

mercredi 18 janvier 2017

Harmonie




 Notes de musique.


Les Harmonies, clefs d’ Ut et de Fa,  m’ont joué bien des silences là où il n’en fallait pas.
Toujours respecter la cadence.
Un deux trois. Coups de règles sur les doigts.
Vite, lorgnette sur la partition.
En alternance.
Ternaire.
Quatre cinq six.

La Clef de Sol aux rondeurs enroulées ravive de ses courbes la féminité délaissée.  Pause blanche soupir. Rigueur recouvrée. Surtout ne plus ciller. Les notes s’entendent si bien qu’il ne faut pas les bouleverser. Les facétieux triolets ? On leur permet de gigoter.

En rythme je vous prie. Solfège boiteux. Sur les cinq lignes les notes oscillent.
   
Un deux trois. Blanches en avalanches. On respire. Deux noires on se hâte. Les notes respectent la mesure. 

Coda.

Je me compare souvent à une note de musique… Harmonies, clés d’Ut et de Fa, m’ont joué bien des silences là où il n’en fallait pas.

Toujours suivre la cadence.
Toujours respirer le silence.

mardi 17 janvier 2017

Froidure

A travers les rideaux d'un Mistral qui sournoise les os graciles, la plainte torturée des maisons de pierre vagit dans le lointain. 

Le feu frissonne dans les âtres bleuis.

La froidure hivernale d'un Midi de la France balayé par une danse dégingandée jubile. 

Polichinelle grimaçant, le rictus du vent occitan farde de son souffle d'argent nos lèvres aux étoiles exsangues.



vendredi 13 janvier 2017

Outre Mère




Se souvenir des Eaux de mars de Carlos Jobim "chuva da tarde" languissantes pluies brésiliennes moussons indiennes femmes Saris du Sri Lanka Aborigènes nez en pied de marmite d’Alice Springs.

Les voyages ont paré de bijoux mordorés ta musique.
Mélopée pastel.

De retour au pays maternel, tu écoutes jacasser les pies et le bruissement de l’oiseau qui volète à travers les branches de l’Olivier taillé, seconde peau à l’écorce renouvelée. Dans les sentiers rocailleux des Alpilles, la rencontre du mystérieux Vallon du Renard émoustille la grimpette. Tes mollets d’enfantine bergerette pavoisent sur les cailloux pentus des collines balayées par le Mistral.

Se souvenir des Peuples qui parlent avec les yeux robes mission mamans Kanak bananes poingo saveurs sucrées aubier du Niaouli.


Et te voilà de retour au Pays Bavardeur des Hommes qui jabotent avec les pies.

mardi 10 janvier 2017

Coupe dépressive



J’ai fait couper mes cheveux. Ça m’a pris. Une féroce envie de rendre mon visage plus fréquentable. Je suis venue dans la Capitale me faire décapiter. J’ai vu l’enseigne Coiffure pour Dames, suis entrée dans cet espace réservé aux tondeuses meurtrières et j’ai intimé à l’assassine de me ratiboiser la tignasse. 

Carré plongeant et ridicule, ébauche de frange. Pas le visage pour, le cheveu fin désordonné, je sais qu’un meurtre est sur le point d’être perpétré. J’insiste. Je désire mon suicide capillaire et la souffrance qui va s’en suivre des mois durant. Elle tranche ma commère. Ciseaux en mains, sûre de son acte mécréant.

Mais ça vous va bien. L’ovale du visage va vous sauter à la figure tout l’hiver. Sans compter que mon ovale manque un brin de collagène, qu’en cette saison mon cheveu est mou comme une queue de ragondin dépressif. Funambule du rasoir, je donne raison à l’effilocheuse reptilienne. 

Un brushing ? Je vais tout de même éviter de la laisser me transformer en playmobil.

 Ma bourse est sortie allégée d’un tas de piécettes sonnantes et trébuchantes. Page devenu, je rêve de lui faire avaler le collagène, les bajoues et l’ovale de ma servitude.

J’attends mon Roi à la Brasserie enivrée d’un verre de vin et de ma tristesse féodale.   

dimanche 8 janvier 2017

Mots d' enfant



 
Silence dans la maison trois toits. Papa repeint les volets, maman fait tinter la vaisselle à grand renfort de casseroles.

Chutttt ! Va dans ta chambre. Arrête de traîner dans mes pattes. Tu me fatigues.
J’ai compris. L’univers culinaire de maman ne me concerne pas.

Je file dans ma chambre et m’assois en tailleur énervé devant le mange- disques. Il engloutit un Renaud. M’en fous de la compagnie de celles qui mitonnent. Me vlà bien toute seule. Tiens. Un Alice. Lecture.
La vie épatante des adultes ne me regarde pas. Je cuisine. Ne viens pas m’ennuyer. Tu poses trop de questions.

Pendant que les pommes terre en robe de chambre bouillonnent, je m’applique à sortir de mon esprit que le manche-disques digèrera tantôt un autre microsillon zébré.
Intense plongée dans la lecture. Dévote, dévorante passion.

Elle s’en sortira de cette façon la petite.

samedi 7 janvier 2017

Peau d'blonde

Tu m’as dit j’ai la carlingue cabossée, la peau tannée par le chagrin lames argentées et les années. Tu m’as dit avec les mots du Levant que le Couchant c’est pour demain. Et je me dis asti c’est bien beau la vie, laisse pas quidams et incertains rameuter la meute. Caresse tes chats que j' me suis dit.
Et c'est comme ça que tu m'as dit
Et c'est comme ça que j'ai compris

jeudi 5 janvier 2017

L'envol






Dans la chaleur de nos envies contrariées, les tournesols fredonnent le carillon des cigales. Les cerises déposées dans nos jolis foulards carottés, nos têtes nos yeux déployés vers le grand Monsieur Feu…

Moi je redeviens un peu une enfant avec tout ça... Pfuit ! La caresse d’une fleur de pissenlit déjà évaporée dans le vent. Et c’est fini.

Et que virevoltent au gré de la brise nos désirs vermillon, nos boucles carmin pour faire beau sur les oreilles, nos couronnes de marguerites alors je t’aime un peu beaucoup à la folie. Pas du tout. Mais t’es-tu pas fou ? 

J’aperçois des ailes de valises bedonnantes éclaboussées de feuillets d’or. Un miel citron adoucira avec tendresse le temps des gorges douloureuses de nos journées par le froid rougies.

( En été , un jour…)

mercredi 4 janvier 2017

Infatiguable rêveuse ( version retravaillée)



Cernes dans le miroir, petit minois fatigué. Le rêve enjambe l’Aube. Une valse hésitante dans les vapeurs de la brume. La rêveuse  ne distingue qu’un voile vaporeux et perçoit des chuintements indistincts. Coton secret ouate ensorcelée.

S’évader.

La nuit refuse de délaisser le lit fleuri de la dormeuse béate. L’obscurité chancèle. Ouvrir les yeux. Oublier dans la clarté orangée l’agonie de la brunante.
S’extirper du tendre coussin aux plumes enchevêtrées.

La prêtresse de l’ombre tente d’éloigner le pâle croissant mais le rêve se cabre. Indomptable rossinante. Des lunes qu’elle ne hume plus le satin nocturne. L’étrangère de la nuit se transforme en funambule éveillée sur une branche chétive aux bourgeons hardis.
Des mots parent ses phrases en  jargon désopilant. L’imagination galopante, elle réfléchit trop vite ou pas du tout. Propos lunaires. Embrouillamini dans les mailles du tricot.
Comment  tisonner  les rayons solaires au firmament alors que la lune enveloppe la plongeuse ailée de son foyer candélabre ?