mardi 10 janvier 2017

Coupe dépressive



J’ai fait couper mes cheveux. Ça m’a pris. Une féroce envie de rendre mon visage plus fréquentable. Je suis venue dans la Capitale me faire décapiter. J’ai vu l’enseigne Coiffure pour Dames, suis entrée dans cet espace réservé aux tondeuses meurtrières et j’ai intimé à l’assassine de me ratiboiser la tignasse. 

Carré plongeant et ridicule, ébauche de frange. Pas le visage pour, le cheveu fin désordonné, je sais qu’un meurtre est sur le point d’être perpétré. J’insiste. Je désire mon suicide capillaire et la souffrance qui va s’en suivre des mois durant. Elle tranche ma commère. Ciseaux en mains, sûre de son acte mécréant.

Mais ça vous va bien. L’ovale du visage va vous sauter à la figure tout l’hiver. Sans compter que mon ovale manque un brin de collagène, qu’en cette saison mon cheveu est mou comme une queue de ragondin dépressif. Funambule du rasoir, je donne raison à l’effilocheuse reptilienne. 

Un brushing ? Je vais tout de même éviter de la laisser me transformer en playmobil.

 Ma bourse est sortie allégée d’un tas de piécettes sonnantes et trébuchantes. Page devenu, je rêve de lui faire avaler le collagène, les bajoues et l’ovale de ma servitude.

J’attends mon Roi à la Brasserie enivrée d’un verre de vin et de ma tristesse féodale.   

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