mercredi 21 décembre 2016

Provence



Silence ouaté. Nuit qui s’engourdit. La cacique bergerette file la laine, ravive de sa timide présence la bastide assoupie. L’agnelage, soupir brisé, est enseveli dans la moiteur des bêlements courbatus.
Elle tisonne le feu dans l'âtre, s'empare de l'instant floconneux, écharpes entremêlées.
Elle file, rouet des temps anciens.
Elle songe, petite mère, à ce repos ténu, réconfortée enfin par le chaudron qui rougit dans la pénombre du petit cabanon, humble oustaou embaumé du thym touffes rabougries de cette terre rouge myriades de cailloux.
Elle songe à l’étendue de sa crau aux olives au fenouil à la roquette aux poireaux sauvages à la menthe étoilée au romarin dans le panier. Elle songe, petite mère au teint tanné, mains rugueuses au labeur journalier.
Elle songe aux agneaux qui dodelinent dans la bergerie.  
Laineuse est sa soirée.
Demain elle s’en ira de nouveau sur les sentiers de sa Provence. 
Demain elle sera là, et de son œil bienveillant, présence familière, elle glissera dans la gibecière de son berger,
l’olive et le thym frais.


1 commentaire:

  1. Bon, tu arrêtes, là, hein, tu commences à faire de l'ombre à pas mal de grimauds qui rêveraient d'écrire une ligne par année du même or !

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