lundi 11 mai 2020

Pensées


Compagnons fidèles des jours d’orages et de solitude, les livres et les chats peuplaient le monde lunaire de la rêveuse enfant. Elle observait la vie à travers la voilette défraîchie d’une robe de mariée amidonnée et d’un tonitruant torrent au tumulte incessant.

 L’insouciante légèreté ne toquait pas à son huis, désertait ses journées, dédaignait le logis. 
L’éclipse du soleil assombrissait le jardin, obscurcissait la clairière, là-bas, tout au bout du chemin, embrumait la rivière qui fredonnait, badine, un glouglou radieux et incertain.

Porter un masque, faire semblant, jouer la comédie, endosser des rôles extravagants.
Trimbaler un nez rouge, chausser des souliers bondissants, caracoler le printemps.
Badiner, se gausser du mauvais temps, faire de l’ironie son acolyte réconfortant.

Pour le fameux Monde d’Après, elle enfilerait le déguisement du clown facétieux, braillard et tonitruant.
Culottes larges et carreaux blancs, larmes de crocrodile pour faire rire les enfants, sans oublier la valise rouge aux accessoires extravagants. 

Elle se vêtait d’un caparaçon coriace et résistant pour supporter le rigoureux hiver d’un probable désenchantement.

« Il me semble que je serai toujours bien là où je ne suis pas. » Charles Baudelaire, Le spleen de Paris.


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