dimanche 3 mai 2020

Chronique de confinée

Se parler. Dialoguer entre soi et soi. Se consulter. Les yeux dans le miroir, interroger son regard. Y trouver quoi ?
De la perplexité, de l’inquiétude à foison, de l’incompréhension . Elle se sentait comme une petite boussole désorientée, l’aimant démagnétisé.
Mélasse sucrée, purée de pois, gomme caoutchoutée.
Tout titubait, un monde funambule naissait, croissait, se désenchantait.
Cri d’alarme. 
Alerte ! 
Iceberg en vue ! Parez à virer ! 
Les capitaines s’ensourdissaient, les navires chaviraient, le bon sens disparaissait.

Le monde capotait. Ça tournait plus bien rond. C’était un losange carré, triangle rectangle isocèle mal calibré.
Bref. Ça clochait. 
Elle chantait des paillardises, claironnait, tempêtait, tonitruait.
Elle s’agrippait à la truculence polissonne de la subversion, menacée par l’arrivée inopinée du mortellement néfaste virus, braconnier embusqué, giboyeur dissimulé, traqueur sournois des libertés.
Et ça touillait ! Et ça remuait ! Faute de ciboulette, ça carburait dru du ciboulot.
Et les questions s’entrecroisaient, s’entrechoquaient, se percutaient.
Dans une fébrile bousculade, la bileuse de la tarabiscote se chamaillait.
Pensées coton, ficelles emberlificotées, bobines de fil enchevêtrées.

Méli-mélo, imbroglio, embrouillamini dans les mailles du tricot.



Nous savons qu'ils mentent, ils savent qu'ils mentent. Ils savent que nous savons qu'ils mentent, nous savons qu'ils savent que nous savons qu'ils mentent. Pourtant, ils continuent de mentir. " Alexandre Soljenitsyne, L'archipel du Goulag.





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