dimanche 10 mai 2020

Pensées

Enfant, native d’une bourgade enclavée entre deux montagnes aux faîtes affûtés, elle avait survécu aux soupes saupoudrées de parmesan, aux vêtements de laine rugueux, tricotés grossièrement, chandails chamarrés et  bonnets bariolés, dont sa mère l’affublait fièrement.
Ainsi accoutrée, elle retrouvait la cour de récré, la classe aux odeurs de craie, les  camarades hilares, issus de la société bien pensante d’un village produisant plus de bienheureux en manque d’iode que de lumières aux néons éblouissants.

Elle s’en sortirait d’autant plus aisément qu’à presque cinquante ans, la soupe était depuis longtemps régurgitée et les fringues refourguées  à de lointains cousins en manque d’inspiration  et de dignité.
Sa mère l’habillait tendance. Elle aimait le dernier cri. Ce qu’elle ne cessait de lui expliquer quand sa fille lui reprochait de l’attifer comme un clochard dénué de respectabilité.







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