mercredi 13 mai 2020

Pensées

Dans la rue, partout,  des fantômes masqués. Spectres encarnavalisés, silhouettes esquissées.
Des yeux se croisaient, s’observaient, se scrutaient.Des regards terrifiés, enjôleurs ou amusés. 
Comment communiquer, partager, échanger ? 
Partout, les gestes barrières à adopter. Pas moyen de se soustraire au rituel des naufragés.
Sourire avec les yeux, bouder avec les yeux, s’aimer avec les yeux.
Froncer le sourcil, plisser le haut du front, écarquiller les mirettes. 
Partout, la valse du taffetas, des tissus colorés, des étoffes satinées.
Et si le masque s’accordait avec le veston, la robe ou le pantalon ? 
Choisir les couleurs, la cotonnade ou le masque en nylon. 
«  Collection d’ été ! Fine toile brodée à l’ancienne ! Batiste ou dentelles, brocart ou cotonnade ! Mesdames soyez encore plus belles ! Accordez vos violons, sortez les violoncelles ! Dansez le cotillon ! »
Et l’on voyait de splendides demoiselles arpenter les trottoirs, fouler les boulevards, sillonner les rues et les chemins, d’un pas allègre ou incertain. Drapées de mascarons loufoques, bigarrés, chamarrés, sobres ou endimanchés, les mignonnes ranimaient la flamme de l’ élégance et du charme depuis de longs mois claquemurée.


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