vendredi 1 mai 2020

Chroniques de confinée


Indolence.
Dehors, il pleuvait. Jour gris. Taciturne. Tragique dans son immobilité.
Dormir, se reposer, s’alanguir dans une accablante légèreté.
Goûter l’ennui, redécouvrir l’oisiveté.
Ne plus rien faire, s’abandonner.
Se départir des rames, lâcher le gouvernail, laisser le vent gonfler les voiles et 
Dériver.
Se pelotonner sous l’édredon, douillette et délicate courtepointe caparaçonnée.
Désaccorder le las, se mettre au diapason dans la plus musicale des musicalités.
Elle écrivait, vibrait, animée de la frénésie des écorchés.
Les doigts virevoltaient, tressautaient, frémissaient sur le clavier.
Elle tambourinait, hurlait, beuglait des bribes de pensées.
Capturer les images, se soumettre à la frivolité, fragile rempart au monde qui n’en finissait plus de la tourmenter.
Caresser les félines, goûter leur grâce mutine.
Les contempler, furtives, le pas élégant, le port altier parfois méprisant, la nonchalance au bout des griffes.
Museau frais, délicatesse poudrée. Coussinets velours. Sensualité satinée.

C’était un jour à siroter du café. Breuvage à la rassérénante âpreté.
Et puis écrire, écrire, écrire.
Dans une transe effrénée, les lettres, puis les mots, puis les phrases affleuraient, germaient, semis sous les gouttelettes de la bruine de mai.

Elle bredouillait, dansait, valsait dans une ronde fantasmagorique, des haillons d’existence. 

La lumière décroissait.




" Si je t'écris, c'est peut-être pour ne pas rester seul avec moi, comme on allume sa lampe la nuit quand on a peur. » Gustave Flaubert.



3 commentaires:

  1. C'est doux, vivant, c'est comme se débattre dans l'eau et se rappeler soudain que l'on sait nager, c'est beau, humain, ressenti et bien dit, c'est à s'y reconnaître, j'aime vraiment beaucoup tes mots et ta manière de les dire.

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  2. Merci Kat. ❤️ Écrire me permet de déposer le surplus ...

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