samedi 2 mai 2020

Chroniques de confinée

La lassitude grandissait, la pantomime épuisait, le burlesque se perfectionnait.
De jour en jour, les gouvernements de tous les pays du globe votaient des décrets. 
La Doctrine pédagogique naissait. Elle n’y pouvait rien.
Théorème de Pythagore, Thalès et Théorie du parallélisme des droites adjacentes du point A vers le point B redevenaient des priorités prioritairement prioritaires.
Les petits humains du monde entier se préparaient à rentrer à l’école, siège du savoir, de la connaissance et de l’absolution.
Les prêtres de l’accord du participe avant et après l’auxiliaire dévoilaient, masqués, la liturgie de la grammaire, du nom ou du pronom, ayant pour fonction l’antécédent précédant la subordonnée.
Vissés sur leurs bureaux toute la journée pour boire, manger, pisser, s’amuser, les petits humains redécouvraient avec ferveur les joies des apprentissages en collectivité.
Calcul, fraction, abstraction.
Lecture, compréhension, dissertation.
Concentration.
Ne pas aller contre les règles de la Doctrine sanitaire. Elle n’y pouvait toujours rien.
Pour se faire, pas de jeux de ballon, de contact, d’émotions. 
Privilégier la distanciation.
Prise de température, savonnage de mains, sens de circulation.
Mouchage, toussage, reniflage, se conjuguaient avec nettoyage, décapage. Abnégation.
La Doctrine sanitaire s’appliquait. Elle n’y pouvait définitivement plus rien.

Les petits humains retrouvaient avec ferveur, délice et dévotion, les joies de la grammaire et de la distanciation.




Pour celui-ci, pas de citation. 


2 commentaires:

  1. Pantomime, j'ai ce mot en boucle dans ma tête depuis des jours...

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  2. Toi aussi ? Ça rassure de ne pas être seule dans cette absurdité. T’embrasse ma Bouclette à roulettes !

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