jeudi 22 juillet 2021

Au fil des jours, Carnets du quotidien.

 Elle apparaît sans qu’on l’invite Mme Bidochon. C’est une voix aigrelette qui rouspète. Une musique dissonante. Un grelot grinçant. Elle râle pour tout. Elle grogne pour rien. Quand c’est trop chaud, quand c’est trop froid. Quand c’est salé, quand ça ne l’est pas. Un soir, elle s’affaire dans la cuisine. Les invités sont là, devisent et visitent le jardin. Mme Bidochon coupe les oignons, elle les cisèle avec entrain. Sectionne. Hâche bien fin. Dehors, ça papote. Monsieur Bidochon cause, informe, répond aux questions. La commère a toujours une oreille qui traîne, un truc à dire, un conseil à fournir.

-Quels sont ces fruits orange pendus aux branches ?

Des abricots, il y en a plein. 

- DES NÈFLES ! 

La remarque est vomie, éructée, aboyée. C’est une voix de concierge. Aigre. Stridente. Un rot inarticulé. Dehors, c’est le silence. L’assemblée respire à peine. Elle est sous le choc. Médusée. Les nèfles sont pourris. C’est la saison des abricots. Cette mégère c’est moi. Comme ça. De temps en temps, quand ça me prend. Je dis non à tout. Je bougonne au beau temps. Je sectionne les élans et m’applique à couper les aiguilles de l’horloge qui annonce le printemps.




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