vendredi 17 avril 2020

Chroniques de confinée

Certains réfléchissaient. 

Ils se demandaient pourquoi ce virulent virus arrivé depuis une contrée lointaine sous la forme d’un pangolin masqué leur infligeait toutes ces souffrances. 

Était-ce un Dieu Vengeur ? Une bourrasque saisonnière ? Un dangereux poison sorti des usines pétrochimiques de cloportes endimanchés, rictus carnassier, requins financiers ? 
D’autres se laissaient porter par l’insouciance et admiraient le monde redevenu si calme. Les rivières reglougloutaient, le chant des oiseaux reroucoulait dans les recoins les plus obscurs des villes industrielles désormais à l’abandon. 
Bourdons, chenilles et papillons virevoltaient dans un joyeux tintamarre. 
Les pin up se prenaient en photo, enrubannées de philtres scintillants tous aussi enchanteurs les uns que les autres. 
Mais que la vie semblait belle sous les feux d’Instagram ! 
Les alcooliques en gestation débridaient désormais sans aucune mesure leurs penchants coupables. 
Les mangeurs de carottes crues se dissimulaient pour avaler goulûment des brocolis caramélisés à la graisse d’oie. 
Toutes les barrières des interdits explosaient. 
Il fallait bien oublier les soucis. Meubler l’ennui. Ne pas sombrer dans la folie. 
Chacun puisait dans ses ressources pour affronter les attaques de l’inévitable virulent virus embusqué.

A chaque jour suffisait sa peine.


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