vendredi 24 avril 2020

Chroniques de confinée


Des doctrines de tous les genres fleurissaient jusqu’alors de part et d’autres du globe. 
Religieuses, juridiques, politiques, mythologiques, scientifiques, sociales, militaires.
Arriva brutalement l’apogée de la doctrine sanitaire. Doctrine la plus dogmatique des doctrines dogmatiquement dogme.
Les gouvernements des républiques scandaient avec ferveur les lois de la Nouvelle Idéologie.
Purifier, désinfecter, aseptiser.
Il fallait à tout prix freiner la progression de la contagion la plus transmissible des contagions la plus contagieuse.
Asepsie, antisepsie, prophylaxie.
Renforcement des mesures sanitaires, contrainte d’éloignement, distanciation sociale.
Les nouveaux mots de la Dictature étaient martelés, déclamés, cadencés.
La terreur s’instaurait dans les populations confinées, recroquevillées, pelotonnées.
La joie de vivre se racornissait, l’inquiétude grandissait, les esprits s’échauffaient.
Les nouvelles règles prophylactiques pullulaient, se multipliaient, croissaient.

Il était un fait avéré.
La Nouvelle Peste décimait les libertés. 






« Dans deux cent cinquante de ces maisons, il y a deux cent cinquante chambres où quelqu'un confesse la médecine, deux cent cinquante lits où un corps étendu témoigne que la vie a un sens, et grâce à moi un sens médical. La nuit, c'est encore plus beau, car il y a les lumières. Et presque toutes les lumières sont à moi. Les non-malades dorment dans les ténèbres. Ils sont supprimés. » 

Knock ou le triomphe de la médecine, Jules Romains.



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