dimanche 26 avril 2020

Chroniques de confinée

En exclusivité exclusive, les présentateurs du Nouveau Ministère des Arts et du Divertissement créaient d’innovants concepts d’émissions doctement divertissantes.
En live, le top 50 des chercheurs les plus prestigieux. Les apprentis connaisseurs tous formés en médecine sur les réseaux sociaux, élisaient leur praticien préféré.
De gigantesques parcs d’attraction éclosaient pour présenter les savants les plus experts dans le domaine de l’expertise.
« Venez visiter la tourelle du Professeur Ripolin ! Il vous épatera avec ses comprimés multicolores, commandités par Zavata !  
Si vous voulez découvrir la technique explosive du savant le plus savant de tous, prenez un ticket pour sa prestigieuse conférence amoureusement concoctée pour vous, dans un laboratoire en écailles de bambou façonnées à la main ! »
Potions, décoctions, breuvages, pommades, onguents, clystères, étaient désormais disponibles sur des tutoriels filmés par des clercs artisanaux, tous plus connaisseurs en médecine que les médecins eux-mêmes.
Les humains, en plus de faire leurs pains, gâteaux, tartes ou gratins, se lançaient dans les diagnostiques. 
« C’est ce médicament qu’il faut ! Non ! Celui-ci !
Ce chercheur est un escroc ! Un barde sorti des forêts bretonnes pour nous refiler des herbes empoissonnées !
Nous préférons l’érudit aux cheveux ras et au poil soyeux ! C’est lui qu’il nous faut ! Et si on prenait l’autre à la moustache en forme de cœur ou aux bacchantes amidonnées ? 
Non. Agenouillons-nous plutôt devant les doctes dogmatiques, certifiés AOC, étiquetés, brevetés, conformes à la conformité., nourris au grain, sponsorisés.»

L’Humanité se divertissait, l’audimat explosait, l’autocratie jubilait. 


« Toute l'excellence de leur art consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets. »

Le malade imaginaire, Molière.


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