jeudi 30 avril 2020

Chroniques de confinée

Mai. 
Dehors, le printemps éclosait.
Sortir, sortir, sortir. Sentir la fraîcheur de la brise, le vent ébouriffer la tignasse rebelle aux boucles récalcitrantes.
Respirer le soleil, fouler l’herbe au si joli manteau.
Marcher, marcher, marcher. S’arrêter de penser. Ressentir les odeurs, savourer les couleurs. S’attarder devant les ceps en feuilles et repartir.
Humer la terre grasse après la pluie. Glèbe parmi les glèbes. Vivante.
Arpenter les sentiers rocailleux.
Courir, courir, courir.
Se laisser éblouir par le fol éclat du ciel et repartir encore.
Admirer au loin la minuscule chapelle séculaire, présence rassurante.
Écouter l’envol des ramiers, pigeons dansant dans les ramées, admirer les lys jaunes dans les fossés, valser les gentils coquelicots mesdames, gentils coquelicots nouveaux.
Elle fredonnait les chansons enfantines, comptines entonnées de sa voix perçante d’enfant bohème, robe rouge à pois blancs.

Elle interdisait aux ronces plus griffues que les ronces griffantes connues jusqu’alors, de s’entortiller, perfides, dans les méandres de sa pensée.
Elle amarrait solidement le bateau au rocher et un instant, oubliait l’orage qui n’en finissait plus de tonner. 


«  Écrire, c’est hurler sans bruit. » Marguerite Duras



2 commentaires:

  1. Marguerite Duras ! J'adore, je ne connaissais pas cette citation

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