jeudi 23 avril 2020

Chroniques de confinée

Les jours aigres avaient la saveur amère du zeste de citron le plus acide des zestes  jusqu’alors répertoriés dans le monde des citrons. 
La bile s’échauffait, le souffle se bloquait, la fureur fulminait.
Les bonnes manières inculquées par la civilisation la plus moralisatrice des civilisations morales explosaient dans une déflagration de « Tonnerre de Brest » vitupérants.
Peste soit de l’armée de flaquadins calamiteux, forfants misérables, fredons frelatés, galipots abatteurs de quilles qui dirigeaient les républiques les plus injustes des calamiteuses républiques !
Avaleurs de charrettes ferrées, baronnets emplumaillés, butors empoudrés, claque-dents décérébrés, cuistres encravatés !
Le flot des palsembleus les plus sonores du monde des jurons résonnait, s’amplifiait, vibrait de la plus vibrante des vibrations enregistrées jusqu’alors.
Il fallait régurgiter le dégoût engrangé, myriade de graines patiemment collectionnées dans des bocaux capitonnés.

C’est ainsi que les jours aigres s’enrubannaient d’une douce poésie à la désuète résonance.


«En avant cornegidouille ! Tudez, saignez,écorchez,massacrez, corne d’Ubu ! Ah ! Ça diminue ! » Alfred Jarry, Ubu Roi






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