lundi 28 novembre 2016

Portrait



Il y a dans une toute petite pièce, un portrait. Un portrait au fusain, celui d’une petite fille qui est blottie contre le doux pelage d’un âne. Un âne gris, portant licol.
Le portrait qui se trouve dans cette toute petite pièce raconte plus que ce que l’œil peut voir.
Entreposé dans la pénombre de ton ennui, tu le contemples, ce portrait au fusain qui tient compagnie à l’indolente poupée chiffon que tu fus… Que tu es encore sans doute.

Dans la Montagne de ton enfance, tu revois ce soleil aux doux rayons, l’étable, l’âne si laineux. L’âne gris, portant la croix de St André.
En compagnie de ta maman, sur les sentiers de la Pésée, assises près du torrent qui dégringole et où vous vous abreuviez. Eau claire, limpide. Elle me raconte son père, berger transhumant, qui marchait sur les cailloux, béret vissé sur la tête, gibecière à l’épaule, tomme de chèvre, pain noir de la Grave.

Pain de l’Oisans.
Gaspard de la Meije.
St Christophe en Oisans.
Tarte aux myrtilles.
Tous les passants s’arrêtaient pour savourer les baies aux reflets indigo,joyaux ramassés au peigne, patiemment.

 Accroupis dans l’herbe sèche et les fleurs et la fraîcheur du vent et la poussière du soleil et le bruit des insectes.

Nous étions des enfants.

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