samedi 25 janvier 2025

L’autre versant

 En hiver, les coteaux sont ventés, les prairies sous la pluie, les longs réveils brumeux. La lande est entourée d’un brouillard permanent. La métairie flotte, vieille bâtisse fantôme en haut de la vallée. Ma garde robe est en laine et des bottes en caoutchouc habitent sur le seuil. Il y a les jours de tempête, les grêlons, la rage du vent, le crachin insidieux et la bruine d’un climat irlandais. À la limite entre le Gers et les Landes, bastides austères et églises fortifiées s’érigent. Les fenêtres sont des meurtrières qui laissent à peine passer les rayons d’un soleil timide. Les pavés des villages résonnent du trot des chevaux. La clameur des batailles est vivante.

C’est un versant farouche. Celui des combattants. 




vendredi 24 janvier 2025

L’autre versant

 La ruche dort, mes pas hésitent. Les brins d’herbe ont la couleur du sucre. Des biches traversent le champ. Elles habitent la forêt, en savent tous les détours, les sentiers, les jeunes pousses frigorifiées et les matins frileux.

Mon souffle forme une buée sur le vallon. Au loin, les chasseurs tirent, des chiens aboient. Sur la colline, les chevrettes sont à l’abri. Elles font leur couche dans les parterres de mimosas et façonnent des petits sentiers maintes fois empruntés par leurs sabots têtus.


La ruche dort, mes pas s’enhardissent, les herbes gelées grelottent. Je rentre mettre des bûches dans le foyer.


C’est une aube banale entre le ciel et la terre, la lande et les vallons. 

C’est un matin transi, un pastel au fond des bois.